des propositions concrètes pour un avenir « quatre saisons ».
Le modèle touristique des stations de montagne, historiquement centré sur le ski, traverse une période critique. Entre les défis du changement climatique, le besoin de préserver les écosystèmes et l’évolution des attentes des visiteurs, la diversification des activités, souvent évoquée sous le modèle « quatre saisons », s’impose comme une nécessité. Mais cette transition nécessite des solutions adaptées aux spécificités des territoires.
1. Miser sur un tourisme durable et connecté aux réalités locales
Le tourisme « quatre saisons » ne peut se résumer à la multiplication d’infrastructures artificielles comme des tyroliennes ou des pistes de luge sur rails. Ces équipements, bien que générateurs de fréquentation, risquent de reproduire les excès d’un tourisme centré sur la consommation rapide. À la place, voici des pistes pour valoriser les territoires :
- Promouvoir les activités nature : randonnées, VTT, escalade, ou encore l’observation de la faune et de la flore. Ces pratiques s’appuient sur les ressources naturelles et évitent les coûts environnementaux élevés des grands aménagements.
- Exemple européen : Zermatt, Suisse. Cette station, célèbre pour le Cervin, propose des treks alpins, des visites culturelles autour des traditions suisses et des parcours éducatifs axés sur la préservation des glaciers.
- Soutenir les acteurs locaux : associer les agriculteurs et artisans à des initiatives touristiques comme des visites d’exploitations, des marchés de producteurs ou des ateliers participatifs. Ces activités renforcent l’identité locale et permettent un tourisme plus authentique.
- Exemple : Aspen, Colorado, USA. La station s’engage à promouvoir la production agricole locale à travers des marchés fermiers et des collaborations avec des restaurants de la vallée, renforçant ainsi l’économie locale.
2. Adapter les stratégies aux caractéristiques des territoires
Les stations ne peuvent pas adopter une solution universelle. Le modèle doit être pensé en fonction de l’altitude, de l’histoire et des ressources locales :
- Pour les stations-villages : capitaliser sur l’ambiance authentique et les activités agricoles. Par exemple, la valorisation des alpages ou la création d’itinéraires thématiques sur le patrimoine.
- Exemple italien : Dolomites, Italie. Avec un patrimoine classé à l’UNESCO, les villages de la région valorisent les traditions culinaires et les activités agricoles.
- Pour les stations de haute altitude : investir dans des expériences spécifiques à ces environnements, comme l’astronomie, le tourisme scientifique ou les treks sur glaciers.
- Exemple : Andorre. Les stations comme Grandvalira développent des activités estivales telles que le trail running, tout en exploitant leur altitude pour proposer des événements sportifs de renommée mondiale.
- Pour les stations intermédiaires : développer des offres mixtes qui combinent loisirs sportifs, culturels et bien-être (spas naturels, centres de ressourcement).
3. S’engager dans une transition économique et sociale
La diversification ne doit pas se limiter à l’offre touristique. Une montagne vivante nécessite une économie diversifiée et inclusive :
- Favoriser l’installation de nouveaux habitants : pour pallier la baisse de la population locale, il est crucial de rendre le foncier accessible et de soutenir les activités non touristiques. Par exemple, des subventions pour l’installation de jeunes agriculteurs ou la reconversion de bâtiments touristiques en logements permanents.
- Exemple européen : Tirol, Autriche. Les autorités régionales encouragent les jeunes entrepreneurs à développer des activités artisanales ou technologiques dans les zones rurales.
- Investir dans les services publics : écoles, transports, et centres de santé pour maintenir un cadre de vie attractif à l’année.
- Encourager les projets à impact local : les revenus touristiques doivent financer des infrastructures profitant aussi aux habitants, comme des pistes cyclables ou des espaces culturels.
- Exemple : Alpes slovènes. Le gouvernement slovène finance des initiatives locales pour développer des énergies renouvelables en montagne, permettant aux habitants de bénéficier directement des retombées économiques.
4. Co-construire avec les parties prenantes
Les projets touristiques doivent être pensés avec les habitants, les élus et les acteurs économiques :
- Organiser des consultations publiques : intégrer les besoins des locaux dans les décisions permet de réduire les tensions et de garantir l’adhésion.
- Créer des partenariats : associer les entreprises locales, les ONG et les institutions pour des projets conjoints, comme des labels de qualité environnementale ou des parcours éducatifs sur la biodiversité.
- Tester des projets pilotes : avant de généraliser une activité ou un aménagement, expérimenter à petite échelle permet d’évaluer son impact.
5. Repenser le rôle du tourisme dans la montagne de demain
Le tourisme ne doit plus être l’unique moteur économique de la montagne, mais un levier parmi d’autres. À moyen terme, l’objectif doit être de rééquilibrer les activités :
- Développer des hubs multifonctionnels : transformer les stations en centres combinant travail à distance, tourisme, culture et innovation technologique.
- Promouvoir la recherche scientifique : utiliser les territoires montagnards comme terrains d’étude pour des projets climatiques ou écologiques.
- Exemple européen : Jungfraujoch, Suisse. Cette station abrite un observatoire de recherche sur les glaciers, qui attire des scientifiques et des visiteurs curieux.
Construire un avenir collectif et résilient
Le modèle « quatre saisons » ne doit pas être un simple mantra, mais une opportunité de repenser le rôle des stations dans leur écosystème. En misant sur une approche inclusive, durable et adaptée aux spécificités locales, le tourisme peut devenir un moteur d’innovation et de résilience. C’est ainsi que les montagnes resteront attractives, non seulement pour les visiteurs, mais aussi pour ceux qui les habitent.
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